Lauréline Kuntz est un nom à retenir. Au théâtre de Dix-Heures, la jeune femme revient avec «Dixlesic», son premier spectacle aussi indéfinissable que percutant. Après les plateaux de télé, c’est sur les planches que la jeune Camille Chamoux prouve son talent pour dire tout haut ce que nous pensons tout bas. Lauréline Kuntz torture les mots pour rendre hommage aux «dyslexiques de la vie». Désormais figure incontournable, Lauréline Kuntz pourrait être la petite soeur de Grand Corps Malade (lire ci-contre). Si le second a contribué à populariser le slam, il a aujourd’hui une homologue féminine. Championne de slam 2007, la brunette revient en ce début d’année avec son spectacle Dixlesic, présenté pour la première fois il y a deux ans. Depuis, sous la houlette de Rodolphe Sand, à qui l’on doit entre autres la mise en scène de Voyage en Armélie, d’Armelle, Lauréline Kuntz a ciselé ce premier «slam-woman show» pour se délecter toujours plus des mots.
Qu’ils soient coquins, drôles, durs ou imprononçables, en virtuose de la langue, elle les malaxe, les torture, les sublime. Toutefois, si cette boulimique du verbe porte fièrement l’étendard de cette nouvelle discipline, Dixlesic ne peut être réduit à une simple session de slam, à des joutes verbales gratuites. Croqueuse de personnages, la Strasbourgeoise donne, par le biais de textes aussi poétiques que truffés d’humour, la parole à ceux qu’elle appelle «les dyslexiques de la vie». Dès lors, elle se glisse dans la peau du «serial killer velu, du Chinois sans-papiers, de la fille de la tour Eiffel» pour en faire autant de compagnons de route. Mêlant gestuelle étudiée et phrasé décapant, Lauréline Kuntz offre finalement un exercice de style qui attise la curiosité. Dixlesic, Lauréline Kuntz, jusqu’au 14 février, au théâtre de Dix-Heures, 36, boulevard de Clichy, Paris 18e (01 46 06 10 17).