Théâtre des Amants. Dixlesic, Laureline
Je slame à tous vents
Elle commence son spectacle avec un pastiche de la tirade des nez de Cyrano… au sujet du sien qu’elle semble trouver un peu trop grand. Sans tenir compte du fait que ce que l’on voit d’elle, c’est d’abord et surtout le bleu de ses yeux qui pétillent… Puis elle enchaîne avec le slam dont elle a été championne de France en 2007, faisant triompher son équipe à Bobigny.
Et c’est alors un feu d’artifice de mots, de phrases, dont elle nous gratifie sans mesure autre que celle du plaisir de parler. Les mots, elle semble les déguster avec une délectation communicative qu’elle veut nous faire partager. Et elle y arrive sans peine…
Avec les mots, il y a aussi des personnages. Certains – clodos, loubards, nymphomanes – sortis d’une imagerie connue, celle que l’on trouvait jadis chez Francis Carco par exemple comme ce disciple de Jack l’éventreur – ici, l’égorgeur – qui tue des jeunes femmes pour leur éviter d’être salies par la vie; une sublimation par l’humour du répertoire de la chanson de beuglant. Par moments, on est dans la poésie la plus populaire dans le meilleur sens du terme. Et puis, pour finir, c’est un véritable déluge verbal qui sort de sa bouche… Une virtuose de la diction façon mitraillette. On en redemande.
HENRI LEPINE