Prétexte à mélanger mieux que les mots, les syllabes. Elle se présente, issue du « cercle des toqués qui se sont émancipaimés », et qui, pourvus d’une « chance de paratonnerre », ont créé un « pestacle ».
Un inventaire à la Prévert
Pendant une heure, Laureline Kuntz déroule les phrases et les histoires avec une diction plus que parfaite. Une rencontre mise en scène par Cupidon, d’abord bêtement sentimentale, verse rapidement dans l’horreur. Vient ensuite le quotidien d’une bourgeoise comblée mais qui s’ennuie, forcément. Comme la jeune femme a le dos souple autant que la langue, elle enchaîne les étirements, avoue l’inavouable à son mari qui n’en profite pas : il dort. Une pirouette et la voilà religieuse peu vertueuse, Chinoise sans papiers ni peur ni reproche, tueur en série psychotique, ou encore Gégé, le clodo de Strasbourg, avec l’accent bien sûr.
A 27 ans, Laureline Kuntz n’a pas oublié son Alsace natale, mais pas non plus son arrivée à Paris. Son premier boulot, « fille d’ascenseur » à la tour Eiffel pendant la canicule, en 2003, lui a laissé des souvenirs olfactifs forts. Elle dresse un inventaire à la Prévert de toutes les misères qu’elle a observées chaque jour sous les 324 m de métal, 312 sans l’antenne, et les batteries de portable qui se déchargent en une heure à cause des ondes… Au Théâtre de Dix Heures, c’est le public qui fait le plein. De poésie. Pardon, de slam, sinon personne ne vient.
Laureline Kuntz dans « Dixlesic » , jusqu’au 14 février au Théâtre de Dix Heures, 36, bd de Clichy, Paris IX e . Du mardi au samedi à 20 heures. Places : 24 €. Tél. 01.46.06.10.17.